Aller au contenu principal

La Chaste Suzanne - Scorodoumov d’après Carle Vanloo

Série de l'image :
Date :
Entre 1765 et 1776
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Lieu de conservation :
DG29604 (F II 45, fol. 12)
Légende

Analyse

Livret du Salon de 1765 :

« Par feu M. Carle Vanloo, premier Peintre du Roi, Chevalier de son Ordre, Directeur de l’Académie Royale de Peinture & de Sculpture, Directeur de l’Ecole Royale des Elèves protégés.
N° 1. […]
2. Les Graces.
3. La chaste Suzanne.
Ces deux Tableaux, de même grandeur, ont 7 pieds 6 pouces de hauteur, sur 6 pieds 2 pouces de largeur. »

Deloynes 8, 107. Critique des peintures et sculptures de messieurs de l’Académie royale. L’an 1765. (anonyme sl), p. 7 :

« Ce tableau est des plus beaux & des [8] plus frappants du Sallon. Susanne au milieu des deux Vieillards, est dans une attitude qui caractérise d’une grande vérité, la honte mêlée de désespoir de se trouver exposée aux impudicités des deux Vieillards dont elle a horreur d’entendre parler. Une criminelle passion tente à sa perte ; sa vertu l’en garantit. Dans l’un des Vieillards on remarque un air indigné de trouver pour obstacle une vertu à toute épreuve : dans l’autre, on apperçoit un air de douceur pour parvenir à son but. L’ordonnance de ce tableau est agréable & le pinceau très-moëlleux. Il attire tous les Spectateurs, & passe pour un de ses chefs-d’œuvres. »

Deloynes 8, 108. Mathon de la Cour, Lettres a Monsieur ** sur les peintures, les sculptures et les gravures, exposées dans le Sallon du Louvre en 1765, Bauche, 1765, p. 4 :

« Le troisième tableau de Carle Vanloo représente Susanne. C’est une femme d’une beauté frappante dont la physionomie [5] & l’attitude expriment à la fois la colere & la frayeur. Tandis que l’un des vieillards parcurt ses beautés avec des yeux étincelans, l’autre s’efforce de la séduire par son éloquence. Quoique ce tableau fasse beaucoup d’effet, on assure que Vanloo vouloit repeindre les vieillards.
Convenez, Monsieur, que c’est une belle chose que la réputation. On dit que les mœurs ont dégénéré. Voilà cependant une femme Juive qui s’est immortalisée, il y a plus de trois mille ans, pour avoir rebuté deux vieillards. Combien n’y a-t-il pas de Françoises dont on n’a point parlé, & qui ont résisté à des jeunes gens aimables ? Il est vrai que ces vieillards éprouverent Susanne par des menaces, mais c’est une raison de plus pour n’être pas écouté : un homme qui auroit aujourd’hui recours à ce moyen révoltant, ne triompheroit pas même d’une femme sans mœurs. »

Mercure de France, octobre 1765, p. 148-149 :

« Un autre tableau du même Auteur & de pareille grandeur que le précédent, représente Susanne exposée aux entreprises licencieuses de deux Vieillards. Le caractère de tête de la femme est conforme à la situation ; la crainte, l’indignation, & l’espoir dans les secours du Ciel y sont nettement exprimés. Le corps est d’une grande beauté de carnations & de dessein. Les deux vieillards groupent bien avec la figure de la Susanne ; ils ont aussi de l’expression dans les têtes : nous avons entendu dire que le Peintre lui-même y trouvoit néanmoins encore à desirer & qu’il étoit dans l’intention d’y retoucher, s’il eût vécu plus long-temps. Tel qu’est ce tableau, il produit un effet qui a concilié tous les suffrages du Public, & qui l’a toujours fait regarder avec une distinction marquée. »

Annotations :

1. Signé sous la gravure à gauche « C. Vanloo Pinxit. », au centre « V.M.Picot Ex. », à droite « G. Scorodoumow Sc. ».
Sous les signatures, le titre est en anglais : « The Chaste Susannah. »
Sous le titre : « London Publ & Sold, Sep.r 20. 1776 by V.M. Picot. N°16 Strand. »

2. La peinture exposée au Salon de 1765 se trouve à l’Ermitage. Elle a été enroulée en 1922 et ne peut plus être photographiée. Il s’agit ici de la gravure en contrepartie d’après le dessin de V.-M. Picot, éditée en 1776.
Voir le commentaire de Diderot, Laffont, Bouquins, p. 298-300.

3. Diderot compare le tableau de Vanloo à la Suzanne de J.-F. de Troy, qu’il a vue chez Lalive de Jully, et qui se trouve actuellement au musée de Rouen (inv. 891-3) ainsi qu’à celle de Sébastien Bourdon, vue chez le baron d’Holbach, dont la localisation actuelle est inconnue (voir lien). La troisième Suzanne à laquelle Diderot fait allusion correspond par la description à celle de Cesari, vue par Diderot au Palais-Royal, dans la collection du duc d’Orléans. Cette toile aujourd’hui perdue est connue par la gravure (voir lien). La gravure est également reproduite dans Else Marie Bukdahl, Diderot critique d’art, t. I, p. 62.
Chercher Bnf Estampes parmi les cotes suivantes : BnF Est. Db-33 (1-2)-Fol.BnF Est. Za-571 (26)-Boîte pet. fol., 8 pl., SNR-3VAN LOO (Carle), DevériaBnF Est. SNR-1 VA, SNR-3 SCORODOUMOFF Gavrila Ivanovitch.

Composition de l'image :
Objets :
Scène à trois
Muret
Bas de colonne(s)
Bain
Sources textuelles :
Daniel
13, 19-24 (Bible de Jérusalem, p. 1565)

Informations techniques

Notice #000783

Image HD

Identifiant historique :
A0102
Traitement de l'image :
Photographie numérique
Bibliographie :
Diderot, Salon de 1765, éd. E. M. Bukdahl, A. Lorenceau, G. May, Hermann, 1984
n°3 après p. 30. Texte p. 35