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Le Rat de ville & le rat des champs (Fables de La Fontaine, 1668) - Chauveau

Date :
1668
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
RĂ©s. Lebaudy in-4 32
ƒuvre signĂ©e

Analyse

Au premier plan Ă  droite, les deux rats dĂ©gustant les « reliefs d’ortolans » constituent l’espace restreint, ou la scĂšne proprement dite. L’espace restreint est dĂ©limitĂ© par le riche « tapis de Turquie » qui recouvre la table et abrite les rats du regard Ă©ventuel de celui qui franchit « la porte de la salle ».    L’espace vague est constituĂ© par le reste de la salle et, derriĂšre la porte ouverte, la suggestion d’un dehors. L’espace vague est l’espace du rĂ©el, de la circonstance qui vient interrompre le festin et va dĂ©clencher l’action thĂ©Ăątrale, le dialogue des deux rats.    
Le regard virtuel du valet pĂ©nĂ©trant dans la salle fait effraction Ă  l’espace restreint, qu’il dĂ©range et en mĂȘme temps constitue.    
La table, curieusement, n’est pas chargĂ©e de victuailles, mais des Ă©lĂ©ments d’une VanitĂ© : mandoline et livres signifient la moralitĂ© de la fable, la vanitĂ© du luxe. Mais plus profondĂ©ment, l’écran que constitue la table, interposĂ©e entre l’espace restreint et l’espace vague, porte les attributs de la mort, rappelant que toute jouissance esthĂ©tique passe par une expĂ©rience, par le regard, de nĂ©antisation.

Texte de la fable :

Autrefois le Rat de ville
Invita le Rat des champs,
D’une façon fort civile,
A des reliefs d’ortolans.

Sur un tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis :
Je laisse Ă  penser la vie
Que firent ces deux amis.

Le rĂ©gal fut fort honnĂȘte,
Rien ne manquait au festin ;
Mais quelqu’un troubla la fĂȘte,
Pendant qu’ils Ă©taient en train.

A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit ;
Le Rat de ville détale, 
Son camarade le suit.

Le bruit cesse, on se retire :
Rats en campagne aussitĂŽt ;
Et le Citadin de dire :
Achevons tout notre rĂŽt.

C’est assez, dit le Rustique ;
Demain vous viendrez chez moi.
Ce n’est pas que je me pique
De tous vos festins de roi ;

Mais rien ne vient m’interrompre ;
Je mange tout Ă  loisir.
Adieu donc ; fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre !

Annotations :

1. Signé en bas à gauche « F. C. »
2. Livre I, Fable 9.

Objets :
Table
Sol quadrillé
Rat, souris
Porte entrebùillée
La scÚne est observée par effraction
Sources textuelles :
La Fontaine, Fables (1668-1692)
Livre I, Fable 9, Pléiade p. 42

Informations techniques

Notice #001581

Image HD

Identifiant historique :
A0900
Traitement de l'image :
Photographie numérique
Localisation de la reproduction :
Collection particuliĂšre