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La découverte du corps d’Holopherne - Botticelli

Date :
Entre 1469 et 1470
Nature de l'image :
Peinture sur bois
Détrempe sur bois
Dimensions (HxL cm) :
31x25 cm
Lieu de conservation :
inv. 1890, n° 1487

Analyse

Judith a décapité Holopherne pour sauver la ville de Béthulie et son peuple du siège des Assyriens. Rentrée en ville, elle suspend la tête aux remparts de la ville, et les soldats israélites sortent pour vaincre une armée sans chef. Botticelli choisit de montrer, non l'exposition de la tête sur les remparts de Béthulie, mais la découverte du corps mutilé d'Holopherne dans sa tente :

« Au lever de l'aurore, on suspendit la tête d'Holopherne au rempart. Les hommes de Béthulie prirent chacun leurs armes et firent par cohortes une sortie en direction des cols de la montagne. Quand les fils d'Assour les virent, ils envoyèrent prévenir leurs chefs ; ceux-ci allèrent chercher les généraux, les commandants et tous les officiers. Ils parvinrent à la tente d'Holopherne et dirent à celui qui était préposé à toutes ses affaires : “Réveille donc notre seigneur, car les esclaves ont eu l'audace de descendre contre nous pour attaquer, et pour se faire exterminer jusqu'au dernier.” Bagoas entra donc et frappa à l'ouverture de la tente, supposant qu'Holopherne dormait avec Judith. Comme personne ne semblait rien entendre, il écarta le rideau, entra dans la chambre à coucher et trouva, jeté sur le marchepied, le cadavre sans la tête. Il poussa de grands cris, avec pleurs, gémissements, cris aigus, et déchira ses vêtements. Puis il entra dans la tente où logeait Judith, mais ne la trouva pas. Il bondit alors vers le peuple en hurlant : “Les esclaves se sont révoltés ! À elle seule, une femme de chez les Hébreux a couvert de honte la maison du roi Nabuchodonosor. Voilà Holopherne à terre ! Sa tête a disparu !”  »  (Judith, XIV, 11-19)

L'effet dramatique de la scène peinte par Botticelli repose sur la stupéfaction et la douleur des proches d’Holopherne. Il nous place dans la tente, comme des spectateurs, de sorte que notre attention est déplacée de la découverte du corps sans tête vers la réaction des officiers assyriens à cette découverte.
Ils sont dans la pénombre entre deux sources de lumière, celle du dehors qui  éclaire le cheval, et celle qui doit être derrière nous, et qui tombe sur le corps sans tête. Au centre on trouve une figure étrange, double : un jeune homme en armure se penche sur le cadavre et tire les draps, tandis que derrière lui se presse un vieillard en robe rouge, si près contre lui qu'ils se confondent pour ainsi dire dans une seule figure... Botticelli joue ici de la perspective, avec un raccourci audacieux.
A gauche un autre dignitaire en rouge porte la haute coiffure des prêtres  babyloniens ; entre les deux hommes qui portent la barbe, un jeune homme cache son visage dans ses mains, sans doute pour pleurer. Au premier plan à droite, un officier tête nue s’appuie sur son épée. Derrière lui se tiennent quatre hommes dont deux à cheval. Celui de droite, monté sur un cheval brun, ne regarde pas le cadavre, mais le Ciel, en portant sa main en visière comme pour se protéger de la lumière : c'est le signe de révérence et de protection face à la manifestation éclatante de la lumière de Dieu. 
Le peintre a voulu montrer la stupéfaction, mais sans la traduire par de grands gestes, alors que le texte l’invitait à le faire. Tout est contenu, mais la douleur est sensible sur les visages, particulièrement chez l’officier de droite, et par les pleurs de l’homme caché de gauche. Quant à la violence des sentiments, elle est traduite par les couleurs vives, qui s’opposent à la blancheur du cadavre et du cheval.

 

 

Composition de l'image :
Sources textuelles :
Judith
XIII, 6-12 (Bible de Jérusalem, p. 695)

Informations techniques

Notice #001663

Image HD

Identifiant historique :
A0982
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
https://artsandculture.google.com (Google Arts & Culture)
Bibliographie :
Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti, 1994, Pl. Victoires, 1998
n° 106, p. 91
Barbara Deimling, Sandro Botticelli, Cologne, Taschen, 1994
n° 105, p. 91