Jephté sur le point de sacrifier sa fille - Le Brun
Analyse
Au premier plan, au centre, la fille de Jephté agenouillée en prières s’apprête à mourir : face à elle, un jeune prêtre accroupi tient le plat sacrificiel qui doit recueillir son sang. Derrière elle, son père levant les yeux vers le Ciel brandit le poignard homicide.
Au second plan à gauche, deux jeunes filles assistent à la scène et figurent l’ambivalence de la relation scopique à la chose scénique : l’une se cache le visage dans les mains pour éviter de voir, saisie d’horreur et détournant ses yeux d’un spectacle irreprésentable ; l’autre se penche en avant pour regarder, malgré la tunique de Jephté qui fait écran pour elle à ce qui va se produire. Entre le regard et la chose scénique s’interpose l’écran de Jephté, qui offusque la vue mais dans le même temps établit la médiation symbolique : Jephté accomplit la volonté de Dieu et manifeste sa puissance.
Il y a donc le voir, qui reçoit la plénitude de l’horreur, et le regarder, qui envoie la demande, se heurte à l’écran, et met en œuvre le dispositif.
Derrière les deux femmes, on distingue les lances de l’armée de Jephté : c’est l’espace vague du réel.
2. Le Brun a peint ce tableau, dont il existe une version à Moscou pour un dénommé Poncet et pour le comte de Brienne, Louis Henri de Loménie. Il fut acheté en 1793 par le grand-duc Ferdinand III.
Informations techniques
Notice #001857