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Suzanne au bain - Lorenzo Lotto

Date :
1517
Nature de l'image :
Peinture sur bois
Dimensions (HxL cm) :
66x50
Lieu de conservation :
inv. 1890 n° 9491
Mentions dans l'image
Œuvre signée
Œuvre datée

Analyse

Lorenzo Lotto réalise une composition à mi-chemin entre le dispositif narratif et le dispositif scénique. Les paroles des personnages sont inscrites dans les phylactères qu’ils brandissent. Au fond, sur la gauche, Suzanne revient seule de la porte du jardin, où elle a accompagné sa servante, partie pour une course en ville. L’image se divise en trois espaces concentriques: en haut, l’espace vague est ocuupé à gauche par les remparts de la ville (deux silhouette s’y dirigent), à droite par un chemin qui se perd dans le lointain (deux autres silhouettes y cheminent). Au centre, le jardin est clos par une première ceinture de murs. Au premier plan enfin, le bain dans le jardin est lui aussi clos de murs.    

Au premier plan, l’homme vêtu de rouge descend les marches du bain et fait à Suzanne ses propositions honteuses, qui correspondent à la première ligne du phylactère de droite. Le geste théâtral du bras gauche écarté, paume ouverte sur le dessus, redouble le sens signifié sur le phylactère. À gauche, Suzanne refuse : le geste de la main droite exprime théâtralement la dénégation qui est signifiée sur le phylactère de gauche. Enfin, au centre, l’homme vêtu de mauve prononce la deuxième phrase du phylactère de droite. Tourné vers les deux valets qui apparaissent à la porte du bain, il leur désigne d’un doigt accusateur Suzanne comme coupable.    

On peut lire cette image de façon narrative : en haut, les habitants de la maison s’en vont à leurs occupations. Au centre, Suzanne est restée seule. En bas à gauche elle est agressée. À droite, elle est accusée.    

Mais l’image peut se lire également comme un dispositif d’écran : le mur du bain délimite l’espace restreint de la scène, dans lequel les deux valets font irruption : comme nous ils voient ce qu’il ne faudrait pas voir, la proposition malhonnête des vieillards (Lotto condense ici le récit biblique : c’est en principe au tribunal que les vieillards portent leur accusation, non pris sur le fait dans le bain de Suzanne). L’irruption dans l’espace restreint matérialise la transgression de l’interdit du regard constitutive de la scène et métaphorise le regard du spectateur sur la toile. Les valets ne distinguent la nudité de Suzanne qu’au-delà des vieillards interposés. Les vieillards font écran. Leurs corps épousent la diagonale du tableau, séparant à gauche ce qui est donné à voir, Suzanne, et à droite ceux qui regardent, les valets.

Annotations :

1. Signé et daté en bas sous la draperie rouge : « Lotus pictor 1517 » Sur le phylactère du vieillard, on peut lire à la première ligne « Ni nobis assenties testimonio nostro peribis », si tu ne nous cèdes pas, tu mourras par notre témoignage ; sur celui de Suzanne, « Satius duco mori quam peccare », Plutôt mourir que pécher; sur la deuxième ligne du phylactère du vieillard, « Vidimus eam cum juvene commisceri », nous l’avons vue se commettre avec un jeune homme.
2. Le tableau fut exécuté durant le séjour de Lotto à Bergame.

Composition de l'image :
Objets :
Porte
Muraille, enceinte
Marches
Sources textuelles :
Daniel
13, 19-24 (Bible de Jérusalem, p. 1565)

Informations techniques

Notice #002260

Image HD

Identifiant historique :
A1579
Traitement de l'image :
Scanner
Localisation de la reproduction :
Collection particulière
Bibliographie :
Jacques Bonnet, Lorenzo Lotto, Adam Biro, 1996
n° 35, p. 66, cat. n° 28
Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti, 1994, Pl. Victoires, 1998
n° 332, p. 253