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Pamela & Miss Darnford avec Mr B. Ă  la Mascarade (Pamela 1742, vol 4) - Gravelot

Date :
1742
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
Lieu de conservation :
1875,0710.5024
ƒuvre signĂ©e

Analyse

M. B a persuadĂ© PamĂ©la d’accompagner Miss Darnford dans ce bal masquĂ© :

« L’habit que M. B

 choisit, fut celui d’un Seigneur Espagnol : il convenoit fort bien Ă  son air grand & majestueux. Mademoiselle Darnford prit celui d’une jeune veuve. M. B


 me conseilla de m’habiller en Quaker. Nous nous admirĂąmes rĂ©ciproquement dans ce nouvel Ă©quipage, & M. B

promettant d’avoir toujours l’Ɠil sur mpoi, nous montĂąmes en carrosse, & arrivĂąmes au lieu de l’assemblĂ©e. Je ne souhaite pas d’y retourner jamais. M. B
 fut tirĂ© Ă  part par une Nonne hardie, qui lui parloit Italien, & qui avoit des manieres si libres, que tout cela ne me plaisoit pas beaucoup, quoique je ne susse que dire ; car il me sembloit que ce cher Monsieur n’étoit pas plus retenu dans sa gravitĂ© Espagnole, que la Nonne par l’habit qu’elle portoit. Je m’étois cependant imaginĂ©e que ce qui rendoit la mascarade supportable, Ă©toit une consuite conforme [127] au caractere des personnes dont on prenoit l’habit. » (PamĂ©la, Rouen, Vve P. Dumesnil, 1782, t. VII, p. 126.)    

La gravure renvoie au moment oĂč PamĂ©la et Mlle Darnford, au centre, sont accostĂ©es par deux dames dĂ©lurĂ©es, Ă  droite. On distingue Ă  gauche M. B en costume espagnol et derriĂšre lui l’accorte Nonne avec laquelle il a un moment disparu. Au-dessus d’eux, la tribune des musiciens.    

« M. B
. fut plus attaquĂ© par les Dames, que nous ne le fĂ»mes par les Messieurs. La beautĂ© de sa personne, l’air de grandeur qui y brilloit, & ses manieres si conformes Ă  son habit (si l’on en excepte sa conduite avec la Nonne, oĂč je croyois entrevoir plus d elibertĂ© Française que de gravitĂ© Espagnole) lui attiroient plusieurs admirateurs. Leur admiration augmenta encore lorsque le Ministre d’Espagne, qui se trouvoit dans l’assemblĂ©e habillĂ© Ă  la FRançaise, lui ayant adressĂ© la parole en Espagnol, M. B
. lui eut rĂ©pondu fort poliment dans la mĂȘme langue. Bien diffĂ©rent en cela de plusieurs personnes qui, dans ces occasions, prennent l’habit d’une Nation dont elles ignorent la langue.    
Il y avoit grand nombre d’autres figures Ă©galement grotesques. Plusieurs Ă©tient en bonnets avec des clochettes ; d’autres en polichinelles ; quelques-uns en Arlequins ou en d’autres habits de ThĂ©atre de ce genre, sautants & courants de cĂŽtĂ© & d’autre comme des enragĂ©s. Ils sembloient vouloir dĂ©montrer que tout leur esprit Ă©toit dans leurs talons.    
Deux Dames, dont l’une portoit un habit de diverses couleurs tout-Ă -fait bizarres, avec un plumet, & l’autre Ă©toit habillĂ©e en PaĂŻsanne, avec une guirlande de fleurs autour de la tĂȘte, se firent beaucoup remarquer par les libertĂ©s qu’elles se donnoient, ayant toujours quelque chose Ă  dire Ă  tout le monde. Elles se sĂ©parient aussi rarement que mademoiselle [131] Darnford & moi, & elles Ă©toient suivies de la foule par-tout oĂč elles alloient.    
Celle qui avoit l’habit bigarrĂ© s’approcha de moi. Amie, dit-elle, il y a quelque chse dans ta personne qui attire l’attention d’un chacun ; mais si un sac n’avoit pas Ă©tĂ© une chose profane, il t’auroit presque aussi-bien convenu que cet habit.    
Je te rends graces de ton conseil, amie, lui rĂ©pondis-je. Mais si tu avois eu la bontĂ© de faire attention Ă  toi mĂȘme, tu n’aurois pas pris autant de peine pour associer ce conseil avec l’équipage oĂč je te vois.    
Chacun se mit Ă  rire ; & un de ceux qui m’avoient entendu dit : le papillon a rencontrer quelqu’un pour lui tenir tĂȘte.    
Elle répliqua avec un rire affecté : vigoureusement répondu ! mais es-tu venue ici, amie, pour faire brille rta lumiere devant les hommes ou devant les femmes.    
En vĂ©ritĂ©, amie, rĂ©partis-je, ce n’est pour briller ni devant les uns ni devant les autres que je suis ici, mais par pure curiositĂ©, pour pĂ©nĂ©trer dans le cƓur des personnes de l’un & de l’autre sexe, oĂč je lis au moyen de leur habillement.    
Par la Messe, s’écria un fat de Moine, c’est lĂ  une satyre gĂ©nĂ©rale de toute l’assemblĂ©e.    
La Nonne, s’approchant de nous, dit : nous sommes tous intĂ©ressĂ©s dans les remarques de l’amie.    
Mon dessein, rĂ©pondis-je, ne tournera pas au dĂ©shonneur d’une belle Nonne, si sa conduite rĂ©pond Ă  son habit. Ni Ă  celui d’une vĂ©nĂ©rable frere, ajoutai-je en me tournant du [132] cĂŽtĂ© du Moine, si son cƓur ne dĂ©shonore pas l’habit qu’il porte. Ni Ă  celui d’une paysanne, continuai-je, en m’adressant Ă  la compagne de la Dame bigarrĂ©e, si elle n’a pas dans le cƓur de mauvaises plantes qui ternissent l’éclat des fleurs dont elle orne sa tĂȘte. »

Annotations :

1. En haut Ă  droite « Vol. IV. p. 108. ». En bas Ă  droite « H. Gravelot 
 »

Sources textuelles :
Richardson, Pamela (1740)
éd. de Rouen, 1782, t. VII, l. 14, p. 130

Informations techniques

Notice #004495

Image HD

Identifiant historique :
A3814
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
Collections en ligne du British Museum (http://www.britishmuseum.org)