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Paméla dit à Mr B. sa jalousie de la Comtesse (Pamela 1742 vol. 4) - Gravelot

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Date :
1742
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
Lieu de conservation :
Après la p. 210
Œuvre signée

Analyse

Paméla suppose une liaison entre M. B et la Comtesse. Ayant reçu une lettre anonyme, elle demande une explication à son mari dans son cabinet de travail. M. B lit la lettre qu’elle lui tend :    

« Il fut fort ému à la lecture de cette lettre, l’appellant un tour d……que [démoniaque], & disant qu’il espéroit d’en découvrir l’auteur, étant résolu de proposer une récompense de cinq cents guinées à la personne qui le révéleroit.    
Il la mit dans sa poche, & ajouta : Paméla, vous croyez sans doute tout ce que vous avez dit ; &, si cela est, cette affaire a assez mauvaise apparence. Mais qui étoit votre premier donneur d’avis ? Vous l’a-t-il donné par lettre ou en personne ? Ce d….e de Turner se sera sans doute mêlé de tut ceci. Le fat s’est imaginé que la Comtesse favorisoit ses recherches, & il est enragé d’en avoir essuyé un refus : sur cela il a tenu des discours, qui ont donné naissance à l’éclat scandaleux que l’on a fait à cette occasion. Il ne faut pas douter qu’il ne soit le serpent qui s’est fait entendre aux oreilles de mon Eve.    
Je me levai, & me tins debout à ma barre, disant : ne vous précipitez pas trop dans votre jugement, Monsieur, vous pouvez vous tromper.    
Mais me trompé-je, Paméla, reprit-il ? Vous en devez pas me cacher la vérité dans un cas où il vous est si important de ne rien déguiser. Me trompé-je ?    
Mon cher Monsieur, répondis-je, si je vous dis que ce n’est pas M. Turner, vous devinerez [254] quelqu’autre : & que fait tout cela à la question ? Vous êtes votre maître ; & c’est votre conscience qui doit vous justifier, ou vous condamner. Dieu veuille que vous en soyez satisfait…… Mais mon intention n’est ni de vous accuser, ni de vous faire des reproches. » (Lettre 32, Lundi, à onze heures ; p. 253.)    

Suit un long dialogue où Paméla, dans un discours vertueux et magnanime, sa réprobation face à la conduite de M. B avec la Comtesse, jusqu’à la péroraison, au début de laquelle est placée la gravure :    

« Car, quelles que soient vos idées sur la polygamie, ne vous imaginez pas, mon cher Monsieur, que je consente, y allât-il même de la vie, à demeurer avec un homme qui vivroit ouvertement dans le crime avec une autre femme. Cependant, Dieu m’en est témoin, poursuivis-je en levant au Ciel mes yeux pleins de larmes, vous m’êtes infiniment cher. Et ne croyez pas que, quand je dis que je n’y consentirai jamais, je sois poussée à cela par de mauvaises raisons. Vous savez, Monsieur, & j’en appelle à votre jugement, que les motifs de cette résolution sont pris de la pureté, & même de la pitié. Mais, puisque vous le savez, je ne doute pas que ma proposition ne vous soit agréable à tous deux. Je vous conjure donc, mon cher Monsieur, de me prendre au mot, & de ne plus m’exposer, comme je l’ai été pendant plusieurs semaines, à ces angoisses que la religion seule a pu me rendre supportables. » (Lettre 32, Lundi, à onze heures ; p. 258.)    

Paméla continue ainsi pendant quelques pages.    

« Je me tus après cela, attendant sa réponse les larmes aux yeux. Son cœur généreux étoit touché, & paroissoit être en peine sur la maniere de s’exprimer.    
Enfin, il fit le tour des chaises, & me prenant entre ses bras, il s’écria : sublime générosité ! Cœur noble ! Ame véritablement grande ! Qu’il n’y ait désormais plus de barre entre vous & moi, Paméla ! Quand on se rappelle ce que promettoit l’aurore des excellentes qualités qui ont brillé dès le commencement en toi, il n’est pas étonnant que dans leur midi leur éclat éblouisse des yeux aussi foibles que les miens. Quoi qu’il m’en coûte, & quoique je me sois inconsidérément laissé aveugler par ma passion pour un objet trop charmant, mais que je n’ai cependant jamais égalé à ma Paméla, je veux restituer à votre vertu un mari qui doit être entiérement à vous ; car, par la grace de Dieu, la chose est encore en mon pouvoir.
O Monsieur ! Monsieur, m’écriai-je ! & en même-temps je serois tombée de joie, si ses tendres bras ne m’avoient pas soutenue. O Monsieur ! qu’avez-vous dit ? Puis-je être si heureuse que de vous contempler innocent des [264] criminelles actions dont je vous croyois coupable dans cette affaire ? Dieu, dans son infinie bonté, veuille nous conserver tous deux dans cet état… Oh ! cette chere Dame m’engagera à l’aimer, autant pour les charmes de son esprit, que je l’admire pour les charmes de son corps. » (P. 263.)

Annotations :

1. En haut à droite « Vol. IV. p. 210 ». En bas à droite « H. Gravelot inv. sc ».

Objets :
Miroir
Sources textuelles :
Richardson, Pamela (1740)
éd. de Rouen, 1782, t. VII, lettre 32, Lundi, à onze heures ; p. 258

Informations techniques

Notice #004498

Image HD

Identifiant historique :
A3817
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
Collections en ligne du British Museum (http://www.britishmuseum.org)