La pourvoyeuse (version dâOttawa) - Chardin
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Analyse
La pourvoyeuse est la femme chargĂ©e des courses au marchĂ© dans une grande maison. Elle vient de rentrer, rapportant Ă la cuisine deux grosses miches de pain et peut-ĂȘtre un lapin dans un torchon. Elle surprend alors sa jeune aide de cuisine, qui ne lâa pas entendue rentrer, en conversation avec un homme Ă la porte qui donne sur lâintĂ©rieur de la maison. La cuisine et lâarriĂšre-cuisine fonctionnent ici comme sas entre lâextĂ©rieur et lâintĂ©rieur de la maison. Dans cette version du musĂ©e dâOttawa, qui serait celle exposĂ©e au Salon de 1739 selon P. Rosenberg (Cat. Chardin, 1999, p. 234), la pourvoyeuse ne sourit pas et paraĂźt ennuyĂ©e, ou gĂȘnĂ©e de la scĂšne qui se dĂ©roule Ă lâarriĂšre-plan Ă gauche. Dans la version de Berlin, elle est franchement amusĂ©e. Celle du Louvre offre une expression intermĂ©diaire, plus Ă©nigmatique. Les deux portes encadrĂ©es lâune dans lâautre construisent un ingĂ©nieux dispositif, oĂč lâeffraction est mise en abyme : un homme fait intrusion dans lâespace intime de la cuisine. Mais cette
1. Signé et daté au centre, à gauche du coude du modÚle : « chardin | 1738 ».
2. ExposĂ© au Salon de 1739, sans numĂ©ro. Le chevalier Despuech, son premier propriĂ©taire le vend (dĂ©c. 39 ?) Ă Joseph Wenzel, prince de Liechtenstein, ambassadeur dâAutriche Ă Paris entre 1737 et 1741. Acquis par Ottawa en 1956.
3. Le dispositif consistant Ă encadrer une scĂšne secondaire dans une porte se retrouve dans Une femme tirant de lâeau Ă une fontaine (la mĂȘme cuisine vue dans lâautre sens) et dans La Blanchisseuse.
Informations techniques
Notice #005584