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Paolo et Francesca (version d’Angers) - Ingres

Date :
1819
Nature de l'image :
Peinture sur toile
Dimensions (HxL cm) :
48x39 cm
Lieu de conservation :

Analyse

Ingres reproduit sur la tenture derriĂšre les amants les armes de Gianciotto Malatesta de Rimini, le mari de Francesca.
Dans les Enfers, voici comment Francesca raconte Ă  Dante cette scĂšne :

« Nous lisions un jour, pour nous divertir, la geste de Lancelot et comment amour s’empara de lui ; nous Ă©tions seuls et sans aucune dĂ©fiance.
À plusieurs reprises, cette lecture fit nos yeux se chercher et pñlir nos visages ; mais seul un passage triompha de nous.
Quand nous lûmes que le sourire tant désiré fut baisé par un tel amant, celui-ci, qui de moi ne sera jamais séparé,
La bouche me baisa tout tremblant. Gallehaut fut le livre et qui l’a Ă©crit. Ce jour lĂ  nous ne lĂ»mes pas plus avant. »

Francesca ne parle jamais explicitement du coup d’épĂ©e de Gianciotto son mari. Rien n’indique que le coup d’épĂ©e ait mis fin Ă  la scĂšne, mĂȘme si c’est ce qu’a retenu l’iconographie romantique.

Voir les commentaires de l’Anonyme florentin (Bologne, 1866-1874) et Boccace, Il Comento alla « D. C. » e gli altri scritti intorno a Dante, Bari, 1918, II, p. 138.

Francesca, fille de Guido Minore da Polenta, Ă©tait la tante de Guido Novello da Polenta, prĂšs de qui Dante trouva refuge dans les annĂ©es qui prĂ©cĂ©dĂšrent sa mort. Elle avait Ă©pousĂ© vers 1276 Gianciotto Malatesta, seigneur de Rimini, vaillant chevalier, mais, dit-on, laid et difforme. Son amant Ă©tait son beau-frĂšre, Paolo Malatesta, qui fut capitaine du peuple Ă  Florence en 1282. Dante, alors ĂągĂ© de 17 ans, l’a peut-ĂȘtre connu. Le meurtre des deux amants par Gianciotto eut lieu vers 1285.

Le roman lu par les deux amants est peut-ĂȘtre Le Chevalier Ă  la Charrette, dit aussi le Roman de Lancelot, de ChrĂ©tien de Troyes. C’est GueniĂšvre, dans ce roman, qui a l’initiative du baiser (vv. 4654-4660). Mais il n’y a pas de Galehaut chez ChrĂ©tien. Galehaut, fils de la Belle GĂ©ante, seigneur des Étranges Ïles, est en revanche un personnage central de Lancelot du Lac, roman anonyme du dĂ©but du XIIIe siĂšcle : le pacte amoureux conclu par GueniĂšvre Ă  la fin de ce roman est un pacte Ă  quatre, liant GueniĂšvre et Lancelot d’une part, la dame de Malehaut et Galehaut d’autre part.

« Alors la reine, Galehaut et la dame de Malehaut se lĂšvent. Galehaut fait signe Ă  son compagnon ; et les quatre amis se promĂšnent en parlant trĂšs longuement, jusqu’à ce qu’ils arrivent Ă  l’orĂ©e du petit bois. LĂ , ils s’assoient ; et la reine montre Lancelot Ă  la Dame qui l’avait longtemps tenu dans sa prison. Il en est tout honteux ; et elle lui dit en riant qu’il lui avait cachĂ© ce mĂ©fait. Ils demeurĂšrent longtemps en cet endroit et la matiĂšre de leurs entretiens ne fut qu’embrassements et baisers, dont ils avaient le plus ardent dĂ©sir. » (LP, Ă©d. F. MozĂšs, p. 911.)
Objets :
Rideau
Livre
La scÚne est observée par effraction
Fleurs
Sources textuelles :
Dante, Divine ComĂ©die (1307-1321), L’Enfer
Chant V, v. 124-138

Informations techniques

Notice #006801

Image HD

Identifiant historique :
A6120
Traitement de l'image :
Scanner
Localisation de la reproduction :
Collection particuliĂšre (Cachan)
Bibliographie :
Valérie Bajou, Monsieur Ingres, A. Biro, 1999
n° 103, p. 151