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La dernière Cène (version de San Trovaso) - Tintoret

Date :
1566
Nature de l'image :
Peinture sur toile
Dimensions (HxL cm) :
221x413 cm
Lieu de conservation :

Analyse

Jésus annonce à ses disciples, qu’il est  trahi, et le peintre met en scène la consternation qui les frappe. Alors qu’ils sont autour d’une table presque carrée, la vue en plongée permet de rendre compte des attitudes de chacun. Le choc de l’annonce a des effets d’autant plus forts que l’on s’éloigne de Jésus, comme si sa parole déclenchait des vagues. Le Christ, penché en arrière, fait preuve d’un certain détachement,  et reçoit la lumière alors qu’il devrait être à contre-jour. Jean est affalé sur la table, comme souvent. Pierre se lève, toujours le premier à manifester sa fidélité. A droite un apôtre est debout pour argumenter avec son maître, un autre termine son repas à l’écart. Les deux derniers manifestent leur surprise : celui de gauche prie les mains ouvertes... Le peintre a pris soin d'individualiser les réactions de chacun.

Les apôtres du premier plan manifestent les réactions les plus vigoureuses, et les plus étranges. L’un tient un verre rempli de vin et, alors qu'il a déjà renversé sa chaise, il se penche quand même dangereusement en arrière pour saisir une fiasque. Il est manifestement ivre. Le corps de son voisin, qui doit être dans le même état, s’appuie sur la table, au point de s’y allonger. Quant au troisième, il se tourne pour ouvrir discrètement le couvercle d’un plat, sans voir qu’un chat attend lui aussi d’y plonger la patte. C’est sans doute Judas, l’hypocrite, accompagné par un chat maléfique qui, au lieu de prendre le pain que lui offre traditionnellement Jésus, se cache pour manger plus que les autres.  Le mouvement touche tous les apôtres mais aussi les objets. Cela s’explique par une ambiance  d’auberge populaire, où le vin coule à flot et réjouit les cœurs et les corps.

Ce banquet dont on pourrait oublier la dimension eucharistique est encadré par quelques personnages énigmatiques. Au fond, dans la lumière blanche d’une vision, on devine une sibylle et un prophète païens, qui annoncent les temps nouveaux. En haut de l’escalier, une Parque tenant son fuseau rappelle la mort qui attend les protagonistes. Quant au jeune garçon, debout à gauche, il est par son habit un contemporain du peintre. La tête penchée, il médite à la façon ignacienne sur cette scène qu’il voit dans sa tête.

Sources textuelles :
Évangile de Matthieu
XXVI, 20-25 (Bible de Jérusalem, p. 1724)

Informations techniques

Notice #009814

Image HD

Identifiant historique :
A9133
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
Wikimedia commons
Bibliographie :
D. Arasse/A. Tönnesmann, La Renaissance maniériste, Gallimard, 1997
n° 226, p. 344