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Les Hommes-moutons (Rétif, Découverte australe, 1781)

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Date :
1781
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre, taille-douce (au burin)
Sujet de l'image :
Lieu de conservation :
DG 10149
Légende

Analyse

« [De-B-m-t] aperçut du côté de la mer un troupeau qui paissait. [Il] le montra à son père. Les trois hommes-volants gagnèrent aussitôt à pied de ce côté-là et, s’étant approchés, ils virent trois ou quatre cents animaux couverts de laine comme des moutons, conduits par des êtres de la même espèce qui avaient de belles cornes recourbées et contournées comme les béliers. Ces animaux ne broutaient pas, mais ils cueillaient des herbes tendres avec leurs pattes de devant ; ils en mangeaient et se faisaient une ceinture du reste ; ensuite ils en mettaient de petites poignées entre la ceinture et leur peau. A l’écart, ils aperçurent distinctement encore un jeune qui caressait une jolie brebiette de la manière la plus tendre. [...] Un homme-bélier des plus forts, voyant approcher [Alexandre] s’élança sur lui à la façon des Bretons. Alexandre n’eut que le temps de donner un coup de parasol, qui l’éleva de six pieds. L’homme- bélier, trompé dans sa mire, alla heurter contre un arbre, qui était à dix pas de là, avec tant de force qu’il se fendit le crâne et tomba roide mort. Alexandre, sans se décourager, plana sur le troupeau en laissant tomber de son herbe et quelques bouchées de pain-de-froment, que les jeunes gens mangèrent. Pour les hommes-béliers, ils s’avançaient fièrement à la tête de la troupe en frappant des pieds et tout prêts à s’élancer comme leur camarade. Victorin qui observait tout, et qui retenait auprès de lui en laisse les deux jeunes gens-chiens, s’avisa de leur dire d’aller mettre ces hommes-béliers à la raison. Aussitôt ils coururent de ce côté. Les hommes-béliers ne les eurent pas plutôt vus qu’ils se serrèrent comme les autres dans le troupeau. Alexandre se posa à terre, s’approcha, toucha les femmes-brebis, qui étaient sans cornes, en les caressant et en leur présentant de l’herbe tendre et du pain ; de sorte qu’il se familiarisa un peu avec elles. Il donna aussi du pain aux hommes. [...]Une remarque intéressante que fit Alexandre dans cette île, c’est que le nature y était dans un état d’innocence vraiment touchant. Il n’y avait aucune des espèces carnassières, pas même de petits tigres ni d’oiseaux de proie. L’homme- mouton vivait comme frère avec les différentes espèces d’animaux. On le voyait souvent au milieu d’eux, jouant et se roulant sans la moindre défiance de part ni d’autre, surtout avec l’espèce des boucs et des chèvres. Partout où les hommes-volants portèrent leurs pas, malgré leur singulier attirail, ils virent les animaux, non seulement de l’espèce des domestiques, mais cerfs, chevreuils, etc., venir à eux, plutôt que s’enfuir. Alors Victorin dit à ses fils avec attendrissement : - Je bénis Dieu d’avoir vécu jusqu’à ce jour, et d’être venu jusqu’à ces climats éloignés de celui de ma naissance, pour y voir la nature dans son originelle bonté ! »

Annotations :

1. Au-dessus de l’image à gauche « II.e Vol. 308. »
Titre sous l’image : « Les Hommes-moutons. »
Légende en note au bas de la page 308 : « (*) 11.me Estampe : Une Jeune-homme-belier & une Jeune-fille brebis qui se caressent tendrement : on voit au pied d’un arbre un puissant Homme-belier, qui s’est fendu le crâne en voulant s’élancer contr’un de strois Hommes-volans, qui l’a évité en s’élevant en l’air. »
2. Dans cet exemplaire, la gravure a été montée par erreur après la p. 310, au lieu de 308.

Sources textuelles :
Rétif de la Bretonne, La Découverte australe (1781)
Voyages aux pays de nulle-part, Laffont, Bouquins, 1990, p. 1188-1189

Informations techniques

Notice #012753

Image HD

Identifiant historique :
B2072
Traitement de l'image :
Image web