Contes chinois. Abdal Moal (Cabinet des fées, t19, 1785) - Marillier
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Analyse
Contes chinois ou aventures de Fum-Hoam. 36e soirĂ©e. Suite des aventures dâAbdal-Moal.
Le narrateur, ayant aidĂ© un philosophe Ă sâĂ©chapper de prison, a reçu de lui divers secrets, dont lâĂ©lixir de Jouvence. GrĂące Ă cet elixir, il a guĂ©ri la reine de Damas et lâa Ă©pousĂ©e. Ils rĂšgnent prendant plus de quatre-vingts ans sans vieillir.
Le narrateur sâĂ©gare un jour Ă la chasse. Il entre dans une petite maison pour demander de lâeau. Tout le monde se prosterne en reconnaissant le sultan de Damas. Le pĂšre prĂ©tend alors que sa fille, la belle Doulzagar, est follement amoureuse du sultan.
Marillier met en scĂšne la rencontre du sultan de Damas et de Doulzagar, emmenĂ©e par sa mĂšre Ă lâintĂ©rieur de la maison alors que le sultan sâavance pour demander de lâeau.
« Alors ayant demandĂ© de lâeau fraĂźche pour Ă©teindre lâardeur qui me brĂ»lait les entrailles, un des fils de la maison me regarda fixement ; il se jeta ensuite la face contre terre ; & la baisant avec respect : Dieu est grand, sâĂ©cria-t-il, nous sommes maintenant Ă lâombre du roi des rois ; humilions-nous devant le sultan de Damas, qui nous honore de sa prĂ©sence.
A ce nom de sultan, le pĂšre, qui Ă©toit homme dâesprit, conçut tout-dâun-coup de grandes espĂ©rances de sa fortune. Quoi ! le sultan est ici sâĂ©cria-t-il ? Louange au prophĂšte, nous saurons bientĂŽt si câest lĂ vĂ©ritablement notre illustre monarque, car au moins il mâaccordera la grĂące de ma fille. Et quel crime a donc commis ta fille, lui demandai-je tout Ă©tonnĂ©Â ? Quel crime, rĂ©pliqua le pĂšre ; elle ose aimer lâauguste sultan que Dieu conserve, & cependant elle a la force de fuir devant lui. Depuis quelques jours elle a vu dans ces plaines le soutien du monde ; & le cĆur de cette jeune audacieuse a eu la hardiesse de sâĂ©lever jusquâĂ la majestĂ© du roi des rois.
Comme jâavais un fond de clĂ©mence pour de pareils crimes, continua Abdal-Moal, je me mis Ă sourire ; je lui ordonnai ensuite dâappeler sa femme & sa fille ; & je ne les eus pas plutĂŽt vues de prĂšs que je fus Ă©bloui par les charmes de la belle Doulzagar (câĂ©toit le nom de cette jeune paysanne). Bienheureuses esclaves, leur cria ce bon homme, maintenant votre pauvre cabane est devenue le magnifique pavillon du roi des nations ; la voilĂ qui est de mĂȘme Ă©lĂ©vation que le ciel, & qui Ă©gale aujourdâhui la sublime porte du seigneur. Que Doulzagar montre les plus secrets appartemens du logis Ă lâappui des monarques. La mĂšre & la fille, tremblantes & partagĂ©es entre la vĂ©nĂ©ration & la pudeur, se tenoient la tĂȘte baissĂ©eâŠÂ »
Quelle scĂšne Marillier a-t-il rĂ©ellement dessinĂ©e ? Est-ce la premiĂšre exclamation du pĂšre, notĂ©e dans la lĂ©gende, mais prononcĂ©e alors que Doulzagar et sa mĂšre se sont rĂ©fugiĂ©es Ă lâintĂ©rieur de la maison ? Ou est-ce plutĂŽt sa deuxiĂšme exclamation, alors quâil a ordonnĂ© Ă la mĂšre et Ă la fille de sortir et quâen quelque sorte il vend la fille au sultan ?
La légende est plus sage que la suggestion libertine du dessin, qui représente, de fait, une scÚne de premiÚre vue.
1. En haut à gauche « Contes Chinois », à droite « Tom. 19. pag. 282 »
LĂ©gende dans le cartouche : « Dieu est grand, nous sommes maintenant a lâombre du Roi des Rois. »
Signé sous le cartouche à gauche : « Marillier dir. », à droite « Mme. De Monchy. Sculp. »
Gravure insérée aprÚs la p. 302, la phrase débute à la page précédente, à la 2e ligne à partir du bas.
Informations techniques
Notice #016871